« Face à la menace qui pèse sur les salariés travaillant dans des pays à risque, des entreprises ont fait de leur fonds de commerce la sécurisation et l’exfiltration. Le putsch armé au Niger a nécessairement mis ces structures très spéciales en alerte. »
La coque du semi-rigide fend à pleine vitesse les eaux du golfe d’Aden. Le chahut du moteur déchire le silence de la haute mer. L’embarcation de fortune se dirige droit vers un navire qui a jeté l’ancre au large d’une petite ville portuaire du Yémen. C’est de cette cité que sont partis les passagers, massés sur le hors-bord. Ces salariés d’un grand groupe industriel français, dont le nom sera tu à dessein, quittent de façon précipitée et subreptice l’usine où ils travaillaient. Au cœur de l’année 2015, la guerre civile qui embrase depuis des mois la pointe de la péninsule arabique s’est répandue jusqu’aux portes du site industriel, à 700 kilomètres de la capitale Sanaa. Les rebelles, galvanisés par leurs conquêtes, se préparent à envahir l’usine occidentale. Une évacuation s’impose.